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En avant première à Bruxelles Mariann Ficher Boel donne le « La » aux dernières négociations sur la révision de la Pac

A la veille du lancement du conseil européen des ministres de l’agriculture, Mariann Fisher Boel lance un appel pour que les vingt-sept parviennent à un accord sur la révision de la Pac. Les propositions de la commission « visent à moderniser, à simplifier et à rationaliser la PAC afin d’aider à répondre aux signaux du marché ».

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Mariann Fischer Boel, Michel Barnier et Petr Gandalovic,
ministre tchèque de l'agriculture (© Terre-net Média)
Dernière ligne droite avant le Check-up de la Pac. A deux jours de la réunion des ministres de l’agriculture des Vingt-sept à Bruxelles, Mariann Fischer Boel, commissaire européen à l’agriculture, rappelle les enjeux de la révision de la Pac, mais surtout de Sa révision. Les propositions de la Commission sont connues mais ne font toujours pas l’unanimité autour du plafonnement des aides, de la modulation ou de la question des quotas par exemple (voir récapitulatif).

Sur ce dernier point, le ministre français de l'Agriculture Michel Barnier, dont le pays préside l'UE, a prévenu qu'il n'accepterait pas le relèvement des quotas "sans des mesures d'accompagnement". "Nous voyons plus que des signaux de retournement de ce marché à l'heure actuelle", s'est-il inquiété à propos de la forte baisse des prix du lait par rapport à leur pic de l'année dernière, en pleine flambée des prix alimentaires (voir article en lien en cliquant ici).

Dans sa déclaration communiquée lundi 17 novembre, Mariann Fischer Boel tente « de ménager la chèvre et le chou ». Fidèle à sa vision libérale, la commissaire prend la précaution de rappeler que la révision de la Pac consacrera davantage de crédits au développement rural grâce à la modulation. La Pac révisée donnera aussi la possibilité aux Etats membres d’affecter 10% des aides du premier pilier pour soutenir des régions vulnérables comme par exemple les régions de montagne que la commissaire a pu apprécier en escaladant les Alpes, avec Michel Barnier, en septembre dernier, à Annecy.

Chaque pays membre défendra d'abord ses intérêts

Il serait trop facile d’imaginer que les pays tiennent des discours cohérents. L’Allemagne, comme la France et l’Autriche, n’est pas favorable au démantèlement des quotas. Mais elle rejoint les positions britanniques en s’opposant à l’écrêtement des aides (pris partie en faveur des grandes exploitations de l'ex-Rda) !

L’ensemble de la révision de la Pac vise à « donner aux agriculteurs le maximum de souplesse en éliminant graduellement la plupart des paiements liés à la production ». Dans cette logique « le mécanisme d'intervention reviendrait à son objectif initial, c'est dire n'être qu'un filet de sécurité ». Lot de consolation à ce vent de dérégulation et de libéralisme, les aides -ovins et bovins viande- seraient maintenues !

En fait, Mariann Ficher Boel se « rend bien compte que chaque ministre aura ses propres priorités ». Elle propose une Pac simplifiée dont il reviendra, aux Etats membres, de prendre la responsabilité de la compliquer en puisant des mesures dans la « boite à outils » qu’ils disposeront. Et de les financer avec des moyens renforcés (modulation portée jusqu’à 13%, réattribution de 10% des aides du premier pilier etc…).

L’accord qui sera conclu donnera d’abord une idée de la capacité des Vingt-sept à conserver à la Pac son caractère mutualiste ou bien, à travers les possibilités qui seront données aux Etats membres, de la décliner nationalement et d’en faire une constellation de « petites Pac ».

En attendant, on peut déplorer que les propositions de la Commission ne prennent en compte ni l’atmosphère de crise ambiante, ni l’appel à davantage de régularisations! Point de vue partagé par la Fnsea et la Deutscher Bauernverband (Allemagne) dans une déclaration commune du lundi 17 novembre. « La crise agricole n’a pas épargné les marchés agricoles. Les décisions qui devront être prises dans le cadre du bilan de santé de la Pac doivent tenir compte de la situation difficile dans laquelle les exploitants se trouvent aujourd’hui ».

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